Inventer la « bienherbologie », une solution pour permettre l’innovation dans les entreprises.
Il est aujourd’hui convenu d’affirmer que l’innovation se développe mieux et que les entreprises sont plus créatives quand les processus d’innovation sortent des silos habituels pour s’étendrent transversalement dans les organisations. Mais alors, et la littérature abonde sur le sujet, il est indispensable de « gérer » ou de piloter cette transversalité, ce qui positionne l’encadrement comme acteur majeur dans le développement de la capacité d’innovation de l’organisation.
Bien que n’étant pas très doué en jardinage, la métaphore du jardinier me séduit pour décrire la disposition d’esprit dans laquelle devraient se trouver les responsables et managers de tout niveau.
Prenons un potager, destiné étymologiquement à la constitution du potage familial. Ce potager idéal est composé de rangées impeccables, de sillons tracés au cordeau, d’allées soigneusement débarrassées de leurs mauvaises herbes. Arrêtons nous un instant sur le concept de mauvaises herbes, « adventices » dans la langue horticole. Cette adventice est définie comme une plante qui pousse dans un endroit indésirable. Indésirable pour le jardinier, incorrigible égocentré, ramenant tout à son savoir et parfois pauvre en imagination.
Manager un potager c’est une affaire de pro, tout doit pousser comme il est écrit dans les livres, le jardinier veille à ce que les procédures soit bien appliquées. Dans ce dispositif, rares sont les surprises, peu nombreux sont les poètes.
Le haricot produit rarement des tomates, aucune cucurbitacée à attendre d’un pied de fraise.
Un tuteur placé en tête de la rangée reçoit l’étiquette qui indique la nature de la précieuse semence, du légume désiré, de la variété attendue. Tout cela au prix d’un travail quotidien, la moindre inattention faisant courir le risque d’un drame agricole, d’une invasion de parasites, d’un manque d’eau, d’un coup de chaud ou de froid.
A tant nettoyer son jardin, le jardinier méticuleux oublie la poésie capricieuse de la nature. Que sait il des petites pousses émergentes, lui qui les désherbe avec vigueur et entrain ? Une science en est née : la « malherbologie ».
Le jardiner innovateur est celui qui accorde une chance à la jeune pousse, il invente la ‘bienherbologie ». Il repère l’intruse, la plante naissante qui pointe son nez au détour d’une allée, entre deux plants autorisés, alors, il lui accorde de l’attention, surveille sa croissance, veille à ce qu’elle soit correctement arrosée, et cela jusqu’à ce que son savoir faire lui permette de distinguer avec justesse l’herbe indésirable de la bonne surprise portée par le vent, les abeilles ou les déjections d’oiseaux.
Il montre alors l’innovation émergente à ses voisins, ses collègues, décide de repiquer l’intruse dans un carré bien exposé d’où il pourra observer sa croissance et assister à la floraison d’une espèce nouvelle, d’une variété inconnue en ce jardin. Demain cette espèce apparue « par hasard » représentera peut être une part importante de la production de ce jardin innovant et capable de se renouveler.
Sommes nous certain que dans nos entreprises, tous les managers, tous depuis le plus haut niveau, se comportent en jardinier innovateur, attentif à laisser la surprise émerger entre deux procédures. Consacrer du temps au « non connu », au hors norme, à apparemment inutile, est pour une organisation la voie de l’innovation, la garantie d’être capable de se renouveler.
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